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Les mille et un trésors des musiques arabes:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

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Musiques traditionnelles, musiques savantes, musiques populaires, musiques contemporaines … Ce qui frappe, dès que l’on commence à s’intéresser aux musiques arabes, c’est leur extrême diversité. Que de différence entre la sobriété, le dépouillement, la simplicité fascinante de certaines d’entre elles et les multiples modulations et variations vertigineuses que l’on peut entendre dans d’autres… Pourtant, toutes nous révèlent les subtilités de leurs articulations formelles étroitement liées à celles des langues arabes, ainsi que la beauté et la précision de la mise en place des sons. Ce sont toutes ces richesses que Daniel Caux a voulu nous faire découvrir dès ses premières chroniques parues, de 1974 à 1976, dans Charlie Mensuel - qu’il signait du joli nom d’Ali Charlie - jusqu’à il y a encore peu de temps. C’est son enthousiasme intact que l’on peut retrouver dans chacun des textes publiés dans ce livre.
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Je tiens à remercier chaleureusement Wolinski et Delfeil de Ton pour leurs encouragements à la reprise et à la publication de ces textes, dont la plupart furent publiés dans Charlie Mensuel de janvier 1974 à juin 1976. Début 1974, en effet, Delfeil de Ton - en accord avec Wolinski dont le dessin, dédié à Daniel, figure sur la première page de ce livre -, ouvre à Daniel Caux, alias Ali Charlie, les colonnes de leur journal pour des chroniques régulières sur les musiques arabes.
Il me paraît nécessaire de rappeler qu’au cours de ce que l’on appellera plus tard « Les trente glorieuses » - dont le développement économique faste vient de toucher à sa fin avec la crise pétrolière de 1973 - eu lieu, voulu par les autorités françaises, un afflux massif de travailleurs émigrés. Pourtant aucun journal, aucune radio, aucune télévision bien sûr, n’avaient jusqu’alors pris en compte quoi que ce soit qui aurait pu concerner et encore moins valoriser ou tout simplement reconnaître, les cultures de nos ex-colonies ou ex-protectorats. La fin de la guerre d’Algérie est encore une blessure à vif et parler « autrement » des cultures de ces pays libérés est alors un acte politique. Seul Charlie Mensuel proposera cette « ouverture », et les chroniques de Daniel y auront d’emblée un double but : faire découvrir la richesse, la complexité et la diversité des musiques arabes, mais aussi dénoncer l’ignorance, voire le rejet, dans lesquelles celles-ci sont tenues, similaires à l’ignorance et au rejet de ces émigrés qui pouvaient, en les écoutant, effacer pour un bref instant, les difficultés et les douleurs de l’exil. Ce sont ces deux aspects que ce livre permet de retrouver : l’aspect musicologique passionné et facile d’accès propre à Daniel, qui n’a jamais été un musicologue didactique mais un amoureux… et l’aspect sociologique, abordé dans certains textes, qui nous permet de retrouver l’atmosphère qui régnait alors en France. Certains de ces aspects pourront paraître étranges ou lointains à de jeunes lecteurs, mais ils me semblent historiquement importants à rappeler, d’autant que certaines des attitudes dénoncées par Daniel n’ont pas vraiment disparu.
Un mot reste sous entendu : celui de discrimination culturelle, à moins que le problème n’ait été plus sociétal que musical ? À moins que la reconnaissance de la richesse des musiques arabes, autrement que par quelques mots pour s’en défaire rapidement, n’ai conduit à remettre en cause un trop grand nombre de préjugés ? Et puis, si nous disions que les musiques arabes ne sont en rien inférieures aux nôtres, où irions-nous ?… Puisqu’il est vrai - on nous l’a encore dit récemment - que l’homme africain n’est pas inscrit dans l’histoire !…
Certaines choses ont évidemment changé : il est beaucoup plus aisé, maintenant, de trouver des disques des différentes musiques arabes qui paraissent sous de nombreux labels. L’Institut du Monde Arabe, la Maison des Cultures du Monde, le Théâtre de la Ville, la Cité de la Musique - pour ne citer qu’eux - programment régulièrement des concerts de musiques arabes. Pour cela ils peuvent s’adresser à des « tourneurs » qui n’existaient pas au milieu des années quatre-vingt, tant la demande était encore faible (je parle ici, bien sûr, de musiques ayant une réelle valeur culturelle, les secteurs commerciaux représentant un tout autre domaine et ayant, eux, depuis longtemps, des circuits très efficaces…). Lorsque Daniel a organisé en 1984 et 1985 les vingt-cinq concerts des « Journées de Musiques Arabes » au Théâtre de Nanterre-Amandiers, dirigé alors par Patrice Chéreau, c’est lui-même - le plus souvent accompagné par Alain Crombecque - qui a dû aller rencontrer, sur place, chacun des musiciens invités.
Pourtant, même si ces changements ont bien eu lieu, demandez, encore aujourd’hui, au hasard, à des passants dans la rue, de vous citer les noms des plus grands musiciens, chanteurs ou chanteuses arabes qu’ils connaissent, qu’il s’agisse d’artistes d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, d’Égypte, du Liban, de Syrie, de Libye, d’Irak, de n’importe quel pays du monde arabe. Neuf fois sur dix : le néant total… Tout de même Oum Kalsoum ! Mais c’est bien la seule ! Peut-être quelques artistes du Raï ? Même chose, à quelques nuances près, chez un grand nombre de « musicologues » : certes, ils connaissent tout de même quelques noms importants du passé - Ziryab, ça leur dit quelque chose, ainsi que « le grand livre de la musique d’Al Farabi » - mais les choses se gâtent à partir de Sayed Darwishe, le grand « passeur » égyptien du début du siècle, et finalement, en ce qui concerne les musiques arabes vivantes, modernes, celles d’aujourd’hui, eux non plus ne savent pas grand chose. Quant à les écouter ! Une telle méconnaissance est à la fois trop radicale et trop généralisée pour n’être due qu’au seul hasard. D’autres invoqueront un concept fameux : celui de musique impure - alors même qu’un des grands mérites de ces musiques réside dans le fait qu’aucune frontière ne sépare très nettement le « savant » du « populaire » - on cherchera à opposer les musiques arabes traditionnelles, celles qui respectent à la lettre les traditions les plus anciennes, aux autres plus modernes, qui constituent les véritables musiques arabes vivantes, celles qu’écoutent actuellement plus de cent millions d’auditeurs au Proche-Orient et au Maghreb. Certes, comme dans toutes les musiques, tout n’est évidemment pas d’un intérêt égal dans les musiques arabes modernes, mais encore faudrait-il les écouter pour pouvoir en faire le tri… C’est à cela que Daniel nous convie dans ce livre.
Jacqueline Caux
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> Les Mille et un trésor des Musiques Arabes par Bernard Loupias – Nouvel Obs du 4 au 10 Juillet 2013
> Les Mille et un trésor des Musiques Arabes par Tewfik Hakem - Artpress - N°404 - Octobre 2013
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